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Mali

Mali : à l’approche des élections, « course contre la montre » pour mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation

CS/13173

CONSEIL DE SÉCURITÉ
8163E SÉANCE – MATIN

« Le temps presse et nous sommes lancés dans une course contre la montre au Mali », a prévenu, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, qui a plaidé devant le Conseil de sécurité pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, signé à Bamako en juin 2015. Le Ministre malien des affaires étrangères et de la coopération internationale, M. Tiéman Hubert Coulibaly, a également participé à la réunion.

Le Mali fait face à une insécurité grandissante qui, au cours de l’année écoulée, a coûté la vie à des centaines de civils, ainsi qu’à plusieurs dizaines d’éléments des forces de défense et de sécurité maliennes, de Casques bleus et d’éléments de l’opération Barkhane, a rappelé M. Lacroix.

Cette insécurité a de lourdes conséquences pour la population. « Les acteurs humanitaires estiment qu’en 2018, 4,1 millions de Maliens, soit 22% de la population, seront en situation d’insécurité alimentaire, une proportion encore plus élevée dans les régions du nord et du centre, où 30 à 40% de la population serait affectée », a fait observer le haut fonctionnaire.

Dans ce contexte, la mise en œuvre intégrale de l’accord de Bamako constitue une condition sine qua non, a analysé M. Lacroix. Or, plus de deux ans après sa signature, le fait que la stratégie de développement des régions du nord n’ait toujours pas été approuvée « prive une large portion des populations du nord des dividendes tant attendus de la paix ».

Le Secrétaire général adjoint s’est donc félicité de pouvoir annoncer l’adoption, lors de la dernière réunion du Comité de suivi de l’Accord, les 15 et 16 janvier, d’un « chronogramme d’actions prioritaires » à entreprendre pour accélérer sa mise en œuvre. Il devrait permettre de progresser, d’ici à la fin du mois de mars, dans les arrangements institutionnels et sécuritaires, mais aussi de relancer le chantier de la zone de développement des régions du nord, une des régions les plus touchées par la violence avec le centre.

À l’approche de l’élection présidentielle prévue mi-juillet, puis des élections parlementaires de novembre et décembre, il importe donc que le Gouvernement et les mouvements signataires de l’Accord redoublent d’efforts pour respecter ce nouvel échéancier, a prévenu M. Lacroix.

Le Chef de la diplomatie malienne a, pour sa part, assuré que son gouvernement œuvrait au maintien du climat de confiance entre les parties signataires et avait élaboré à cette fin « un projet de loi pour l’entente nationale ». Son ambition: « Reconstruire le tissu social et l’unité nationale et conforter la réconciliation entre Maliens » au travers, notamment, de l’exonération de poursuites judiciaires pour tous les membres d’une rébellion armée qui « n’ont pas de sang sur les mains »; des mesures d’apaisement après l’accélération des poursuites en cours et les réparations accordées aux victimes reconnues; et un programme de réinsertion pour tous ceux qui déposent les armes et « s’engageront publiquement à renoncer à la violence ».

Rappelant les responsabilités du Conseil de sécurité vis-à-vis de l’Accord de paix, le représentant de la France a estimé que des mesures de sanctions supplémentaires contre les « individus responsables de blocage » pourraient être envisagées, « à défaut de voir les engagements respectés », une hypothèse également évoquée par son homologue des États-Unis.

La Fédération de Russie a en revanche mis en garde contre les « dommages collatéraux » que peuvent entraîner un durcissement du régime de sanctions applicables au Mali et des risques que pose pour les parties concernées le fait d’« agiter ce bâton ».

De la Côte d’Ivoire à la Bolivie, en passant par le Pérou et la Chine, plusieurs voix se sont élevées aujourd’hui pour s’alarmer du manque d’équipement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont le plafond autorisé pour les personnels en tenue n’a toujours pas été atteint, en dépit d’un environnement sécuritaire marqué par la multiplication d’attaques terroristes meurtrières.

Le représentant de la Côte d’Ivoire, inquiet de la grave détérioration de la sécurité dans le centre du pays, a souhaité l’opérationnalisation « à très court terme » de la force d’intervention rapide de la MINUSMA, qui a en outre cruellement besoin d’une « unité d’hélicoptères de transport moyen armés pour le secteur Nord », comme le précise le rapport du Secrétaire général présenté par M. Lacroix.

Alors que la résolution 2364 (2017), adoptée le 29 juin 2017, priait le Secrétaire général d’élaborer, dans un délai de 180 jours, un plan stratégique prévoyant l’« exécution échelonnée » du mandat de la MINUSMA et la présentation d’un « plan de transition », M. Lacroix a estimé aujourd’hui que, pour un « impact maximal », il serait préférable que ces deux éléments bénéficient des résultats de l’« examen stratégique » imminent de la Mission.

En attendant, les membres du Conseil ont salué à la suite du Secrétaire général adjoint la conduite des deux premières opérations militaires menées par la Force conjointe du G5 Sahel, qui bénéficie d’un « appui opérationnel et logistique spécial » de la part de la MINUSMA depuis le 8 décembre dernier. La Suède a toutefois souligné l’importance que ce soutien n’empiète pas sur l’exécution de son propre mandat par la Mission.

LA SITUATION AU MALI

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2017/1105)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a estimé que l’adoption, lors de la dernière réunion du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les 15 et 16 janvier, d’un « chronogramme » d’actions prioritaires à mettre en œuvre dans le cadre de l’Accord constituait une étape importante. Il comporte toute une série de mesures qui devraient permettre, d’ici à la fin du mois de mars, de progresser dans les arrangements institutionnels, notamment la mise en conformité du Code des collectivités territoriales avec l’Accord de paix, l’opérationnalisation des autorités intérimaires et les collèges transitoires, ainsi que les collectivités territoriales dans les régions de Ménaka et Taoudenit. « Le chronogramme pourrait aussi permettre de faire des progrès dans les arrangements sécuritaires et de relancer le chantier de la mise en place de la zone de développement des régions du nord », a précisé le haut fonctionnaire.

Cependant, a relevé M. Lacroix, il importe désormais, à moins de six mois de l’élection présidentielle prévue à la mi-juillet, que le Gouvernement et les mouvements signataires fassent tout leur possible pour respecter ce nouvel échéancier. Le Secrétaire général adjoint a rappelé qu’il y a près d’un an, le 10 février 2017, une réunion ministérielle de haut niveau du Comité de suivi de l’accord avait abouti à une feuille de route pour la mise en place des autorités intérimaires et le démarrage des patrouilles mixtes, ainsi qu’à la création d’un cadre de concertation permanent entre les parties signataires, la médiation internationale, et les partenaires clefs. « Malheureusement, force est de constater aujourd’hui que ces mesures n’ont pas été suivies d’effet », a-t-il regretté.

M. Lacroix a salué le fait que le premier déplacement de Soumeylou Boubeye Maiga, le nouveau Premier Ministre du Mali nommé le 30 décembre 2017, ait été réservé à l’Algérie, chef de file de la médiation. Selon lui, il faut espérer que les consultations menées avec les autorités algériennes permettront d’impulser la dynamique attendue avec les autres parties signataires en vue de surmonter les divergences constatées ces derniers mois. « Je voudrais souligner en particulier la controverse suscitée par la promulgation du Code des collectivités territoriales ainsi que les divergences persistantes sur la question des quotas et des critères d’intégration indispensables pour le lancement du cantonnement et de la réforme du secteur de la sécurité », a précisé le Secrétaire général adjoint.

Il est également à espérer, a poursuivi M. Lacroix, que les consultations constructives entre les parties en amont de la réunion du Comité de suivi de l’Accord des 15 et 16 janvier leur permettront dans les jours qui viennent de respecter le calendrier conclu lors de cette réunion. « Ceci est indispensable pour garantir une cohérence entre l’accord de paix et le cadre juridique sur la décentralisation et poser les jalons pour la tenue, dans des conditions de sécurité optimales, des élections locales et régionales au mois d’avril 2018. » M. Lacroix a par ailleurs encouragé les parties signataires à consacrer les mois à venir à l’élaboration d’une feuille de route énonçant leur vision des nouvelles institutions maliennes de défense et de sécurité et les différentes étapes de la réforme. « Un consensus sur les étapes à venir permettrait le lancement de processus de cantonnement et de démobilisation, désarmement et réintégration et de favoriser ainsi la réduction de l’insécurité dans les régions du nord », a-t-il estimé.

Le temps presse et nous sommes confrontés à une course contre la montre constante au Mali, a prévenu le haut fonctionnaire. Le pays fait face à une insécurité grandissante qui a coûté la vie à des centaines de civils, ainsi qu’à plusieurs dizaines d’éléments des forces de défense et de sécurité maliennes, de Casques bleus et d’éléments de l’opération Barkhane au cours de l’année écoulée. Le fait que, plus de deux ans après la signature de l’Accord de paix, le projet de stratégie de développement des régions du nord n’ait pas été approuvé prive une large portion des populations du nord des dividendes tant attendus de la paix. « Les acteurs humanitaires estiment qu’en 2018, 4,1 millions de Maliens, soit 22% de la population, seront en situation d’insécurité alimentaire, une proportion encore plus élevée dans les régions du nord et du centre, où 30 à 40% de la population serait affectée », a fait observer le Secrétaire général adjoint.

L’objectif doit être à présent de créer les conditions propices à la tenue des élections et à la poursuite du processus de paix. M. Lacroix a insisté sur la nécessité d’encourager le Gouvernement à lancer la mise en œuvre de mesures phares de l’accord, à savoir la décentralisation et la réforme du secteur de la sécurité. Devant l’aggravation continue de la situation dans le centre du pays, cible d’attaques terroristes répétées, la MINUSMA a renforcé son soutien aux forces de défense et de sécurité maliennes après la signature d’un mémorandum d’accord avec le Gouvernement, le 8 novembre dernier. Le Secrétaire général adjoint a aussi salué les progrès réalisés dans l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, qui a lancé sa deuxième opération, ainsi que la mise en place par le Secrétariat du G5 Sahel d’une cellule de coordination pour superviser les opérations de la Force conjointe

Les partenaires au développement intensifient également leurs efforts, a noté M. Lacroix. Depuis octobre 2017, le Fonds pour la consolidation de la paix a lancé quatre projets axés sur les régions de Mopti et de Ségou pour un montant total de 8 millions de dollars. « Ces projets visent à renforcer la participation des femmes et des jeunes aux efforts de réconciliation et à prévenir les conflits intercommunautaires, notamment en rétablissant les mécanismes traditionnels de médiation des conflits », a expliqué le Secrétaire général adjoint.

Cinq ans après la création de la Mission et deux ans et demi après la signature de l’Accord de paix, il est temps de réévaluer les hypothèses qui sous-tendent la présence de la MINUSMA, de revoir ses principales missions à la lumière des progrès accomplis sur le terrain dans le cadre d’un examen stratégique complet, a encore estimé le Secrétaire général adjoint. Alors que la résolution 2364 (2017) priait le Secrétaire général d’élaborer, dans un délai de six mois, un plan stratégique prévoyant l’exécution échelonnée du mandat de la MINUSMA et la présentation d’un plan de transition, M. Lacroix a estimé que pour assurer un « impact maximal », il serait préférable que ces deux éléments bénéficient des résultats de l’examen stratégique qui doit être conduit dans les prochaines semaines. C’est la décision qui a été prise, a-t-il conclu.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a regretté que, plus de deux ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, beaucoup reste à faire pour assurer sa pleine mise en œuvre. Il est plus que jamais temps que toutes les parties progressent dans la réalisation de leurs engagements respectifs, a-t-il poursuivi, soulignant que la fenêtre d’opportunité est étroite, à l’approche des échéances électorales prévues pour 2018. Dans ce contexte, M. Delattre a salué l’engagement renouvelé en ce sens du Gouvernement malien et des mouvements signataires, à travers l’adoption, il y a quelques jours, d’un chronogramme « d’urgence » détaillant un calendrier précis de réalisation des engagements de chacun d’ici à la fin du mois de mars. « Il importe désormais de passer de la parole aux actes », a exigé le représentant en insistant sur l’impératif de décentralisation, l’adoption d’une loi portant création d’une police territoriale et la dotation des autorités intérimaires des moyens humains, techniques et financiers adéquats, sans oublier la lutte contre l’impunité.

Rappelant la responsabilité du Conseil de sécurité de prendre les mesures nécessaires pour encourager les parties à se conformer aux engagements pris sous l’accord de paix, M. Delattre a estimé qu’au-delà du régime de sanctions adopté en septembre dernier, d’autres mesures complémentaires devront être envisagées à défaut de voir ces engagements respectés. « Chacune des parties maliennes doit aujourd’hui faire face à ses responsabilités », a-t-il averti après avoir évoqué la possibilité de mise sous sanction d’individus responsables de blocage.

Saluant les progrès dans l’opérationnalisation de la Force conjointe G5 Sahel, il a indiqué qu’à New York, la priorité doit être de tout mettre en œuvre pour que l’accord technique prévu par la résolution 2391 (2017) puisse être signé en amont de la conférence des donateurs qui se tiendra à Bruxelles le 23 février, afin que cette dernière puisse mobiliser les ressources nécessaires au financement du soutien de la MINUSMA à la Force conjointe. Ce financement transitera par un mécanisme hébergé par l’Union européenne et devra être alimenté par des contributions internationales.

Enfin, l’établissement d’un cadre de conformité solide en matière de respect des droits de l’homme demeure, pour la France, une condition importante du succès des opérations du G5 Sahel. Pour M. Delattre, un tel cadre est « le meilleur moyen de s’assurer l’éligibilité de la Force conjointe au soutien de la MINUSMA ». En conclusion, le représentant a estimé que le Mali et le Sahel constituent un véritable laboratoire du maintien de la paix, qui offre l’opportunité de travailler à mettre en place une articulation vertueuse entre une opération onusienne et une opération africaine, à condition que chacun dispose des outils et du soutien nécessaire de la part de la communauté internationale.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est félicité des progrès importants accomplis sur le plan politique au Mali, avec notamment la cessation définitive des hostilités entre les groupes armés grâce à la signature d’un « accord » qui permet la reprise du dialogue en vue de la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix et de la réconciliation. Le représentant a salué les efforts du Gouvernement et du Président du Mali pour y parvenir, par le biais d’un plan national et de mesures politiques fondamentales visant à la paix et à la stabilité. Il a insisté sur l’impact qu’a eu le conflit en Libye sur la sécurité dans toute la région du Sahel, conséquence directe, selon lui, des pratiques interventionnistes et des politiques de changement de régime qui ont entraîné une militarisation de la région. Le représentant s’est aussi préoccupé des attaques asymétriques menées par les terroristes avec des armes de petit calibre et des engins explosifs improvisés.

M. Llorentty Solíz a salué le travail de facilitation du dialogue politique effectué par la MINUSMA, ainsi que son action relative aux services consultatifs techniques et de sécurité pour les élections à venir. La signature du mémorandum d’accord avec le Mali a été également un élément important, a-t-il ajouté. Néanmoins, il s’est dit préoccupé par le manque de capacités matérielles, logistiques et technologiques de la Mission, qui lui sont pourtant essentielles pour mener son mandat de manière efficace. De plus, la situation humanitaire s’est détériorée, a noté le représentant, qui a cité l’augmentation du nombre de réfugiés et de déplacés et l’insécurité alimentaire croissante. Il a conclu en insistant sur la nécessité d’appuyer le Mali.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a demandé l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation pour le Mali, laquelle accuse un retard considérable. Ce retard pourrait menacer la tenue des prochaines élections locales et présidentielle, a-t-il averti. Le représentant a insisté sur l’importance de mettre l’accent sur le redéploiement de l’administration, la décentralisation et la réforme du secteur de la sécurité. Il s’est félicité de la volonté affichée du Mali d’impliquer les États voisins, en particulier l’Algérie, dans cette mise en œuvre, avant de saluer l’Accord de cessation des hostilités conclu le 20 septembre dernier.

M. Tanoh-Boutchoue s’est inquiété de la grave détérioration de la sécurité dans le centre du Mali et a souhaité l’opérationnalisation « à très court terme » de la force d’intervention rapide de la MINUSMA ainsi que la satisfaction des besoins en hélicoptères de la Mission. Estimant que la paix au Mali ne sera durable que dans un environnement débarrassé des groupes terroristes et criminels, le représentant a souligné l’importance pour atteindre cet objectif d’une Force du G5 Sahel efficace. À ce titre, il s’est félicité de la convergence de vues au sein du Conseil, s’agissant de l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe G5 Sahel. Le Conseil doit aller plus loin dans ce soutien afin d’éviter que la MINUSMA continue d’être victime des attaques terroristes, a-t-il poursuivi. M. Tanoh-Boutchoue a « vivement » souhaité la signature de l’Accord technique entre l’ONU, l’Union européenne et les pays du G5 Sahel. Enfin, il a souligné la nécessité de traiter les causes profondes du conflit, avant d’appeler, une nouvelle fois, les parties à mettre en œuvre de bonne foi l’Accord pour la paix et la réconciliation.

M. OLOF SKOOG (Suède) a insisté sur la lenteur des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, qui est pourtant la seule voie pour restaurer une paix durable au Mali. Les parties doivent honorer leurs obligations contractées aux termes de l’Accord, a-t-il dit, avant de juger essentielle l’accélération de la décentralisation et de la réforme du secteur de la sécurité. Le représentant a également demandé que soit assurée une pleine participation des femmes dans les structures de décision d’appui à la mise en œuvre de l’Accord, estimant qu’elle fait pour l’instant défaut.

M. Skoog a salué l’intention du Secrétaire général de faire la lumière sur les graves violations des droits de l’homme commises au Mali, avant de souhaiter l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel. Enfin, le représentant a souligné la nécessité de réfléchir à la configuration de la MINUSMA et à sa distribution géographique dans le pays. Le soutien de la MINUSMA à la Force conjointe ne doit pas porter préjudice à l’exécution du mandat de la Mission, a-t-il conclu.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a jugé préoccupantes la situation humanitaire et les conditions de sécurité au Mali. Si l’établissement d’un chronogramme représente un pas dans la bonne direction, il faut accélérer le rythme des réformes, à six mois des échéances électorales, s’est alarmé le représentant, qui a notamment plaidé en faveur d’un processus de révision constitutionnelle. Il a ensuite salué la décision récente du Secrétaire général de créer une commission d’enquête sur les violences sexuelles et sexistes commises au Mali, avant de défendre l’idée d’une approche régionale du conflit dans ce pays, qui prenne en compte l’interdépendance de fléaux tels que la criminalité transnationale organisée, le trafic de stupéfiants et le terrorisme. De plus, les capacités opérationnelles de la MINUSMA doivent, selon M. Meza-Cuadra, être renforcées, le plafond autorisé pour les personnels en tenue n’ayant pas encore été atteint. Pour le Pérou, il serait en outre judicieux de promouvoir un rôle plus important de l’Union africaine, par le biais de son Conseil de paix et de sécurité.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué les mesures positives prises par le Gouvernement malien dans les domaines de la sécurité et du développement, avant de l’encourager à accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Il s’est dit très préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire au Mali, avant d’appeler à remédier aux causes profondes du conflit. Toutes les parties doivent œuvrer pour améliorer la sécurité au Mali, a-t-il poursuivi.

Le représentant a salué les efforts de la Force conjointe du G5 Sahel pour lutter contre le terrorisme et demandé la finalisation de l’accord technique en appui de ladite Force conjointe, qu’il a considéré comme l’exemple d’une coopération réussie. M. alotaibi a insisté sur les gains économiques enregistrés au Mali et demandé la mise en œuvre de la Stratégie intégrée pour le Mali afin de les préserver et de les accroître. Enfin, il a appuyé les efforts du Secrétaire général visant à remédier aux violations des droits de l’homme commises au Mali.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est dite préoccupée de la situation au Mali et dans la sous-région. Rappelant combien il est important de veiller à ce que, dans le cadre de la réconciliation à l’œuvre dans le pays, les femmes soient incluses dans tous les processus de prise de décisions, la représentante a salué le fait que des quotas de 35% de sièges seront réservés à des candidates aux prochaines élections parlementaires. La représentante a ensuite souligné la nécessité de hâter la révision de la Constitution. Mme Wronecka a en outre plaidé en faveur du soutien continu aux efforts de médiation des acteurs politiques africains, tels que l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En conclusion, la représentante a dit attendre avec impatience les conclusions de l’examen stratégique de la MINUSMA, qui doit être lancé dans les semaines à venir.

M. SHEN BO (Chine) a insisté sur les efforts du Gouvernement malien pour mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation, avant de déplorer la détérioration de la sécurité dans le pays. Nous devons aider les parties maliennes à mettre en œuvre ledit Accord, a estimé le représentant, qui a en outre appelé la communauté internationale à renforcer les capacités du Gouvernement dans la lutte contre le terrorisme, avant de saluer les efforts de la Force conjointe du G5 Sahel. L’Afrique doit jouer un rôle de chef de file dans la résolution des défis africains, a-t-il poursuivi.

M. Shen a souligné le manque de capacités de la MINUSMA et a demandé que celle-ci reçoive les équipements nécessaires. Enfin, il a rappelé qu’il y avait 400 soldats de la paix chinois au sein de la MINUSMA et a souligné l’intention de la Chine de contribuer au développement du Mali.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a plaidé en faveur du rétablissement de l’état de droit sur l’ensemble du territoire malien. Elle s’est, à cet égard, félicitée de la reprise de la fourniture de services de base dans les régions du centre du pays, y compris sur le plan éducatif. Selon elle, la coopération de la MINUSMA et des autres acteurs internationaux et régionaux avec le Gouvernement malien est essentielle. Aussi la représentante a-t-elle appuyé les efforts visant à traiter des causes profondes du conflit au Mali, sachant qu’elles prennent leurs racines dans un contexte régional. Mme Guadey a salué la première opération militaire menée en janvier par la Force conjointe du G5 Sahel, avant d’affirmer que des mesures devaient être prises contre ceux qui font obstacle à la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix. C’est la raison pour laquelle l’Éthiopie a souhaité que le Conseil de sécurité adresse un message d’unité à l’ensemble des acteurs concernés.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est dit préoccupé par l’absence de progrès significatifs dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, avant de rappeler que 95 Casques bleus avaient perdu la vie au Mali depuis 2013. Toutes les parties doivent mettre en œuvre de bonne foi l’Accord, a-t-il dit, avant de souligner l’importance des prochaines élections. Le représentant s’est félicité de la mobilisation de l’Organisation internationale de la francophonie en faveur du processus électoral, comme l’a montré la visite de l’ancien Premier Ministre de Djibouti, M. Deleita Mohamed Dileita, au Mali, en novembre dernier. Le représentant a souligné l’importance d’une volonté politique forte des parties maliennes pour mettre en œuvre l’Accord, lutter contre les groupes terroristes et organiser des élections pacifiques. La MINUSMA aura un rôle capital à jouer, a-t-il conclu.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), a estimé que 2018 serait une « année charnière pour le Mali », avant de présenter les élections à venir comme une opportunité importante pour renouveler la légitimité des dirigeants maliens. Il a mis l’accent sur trois points essentiels, selon lui, à savoir l’impératif de mettre en œuvre l’accord de paix pour pouvoir réaliser la paix dans le nord du Mali; l’importance de la force conjointe G5 Sahel au centre du pays; et l’exigence d’une bonne gouvernance à Bamako.

S’agissant du nord du pays, le représentant a réaffirmé l’importance du soutien de l’Union européenne et de la MINUSMA à la mise en œuvre inclusive de l’Accord de paix. Il a salué la nomination d’un observateur indépendant et l’adoption d’un régime de sanctions par le Conseil en vue de parvenir à des résultats tangibles en 2018.

Constatant que le Centre du Mali s’est transformé en véritable foyer du terrorisme, des violences intercommunautaires, des migrations irrégulières et du crime organisé, M. van Oosterom a noté que cette situation posait problème pour la stabilité du Mali, de la région du Sahel et de l’Europe. Les Pays-Bas se félicitent de la mise en place de la force du G5 Sahel, mais insistent sur l’impératif d’un cadre solide dans le domaine des droits de l’homme. Quant à la MINUSMA, la mission de maintien de la paix qui compte le plus grand nombre de victimes parmi les Casques bleus, le représentant a appelé à la doter de moyens de pointe et de personnel bien formé.

En termes de bonne gouvernance à Bamako, M. van Oosterom a plaidé en faveur d’un leadership fort pour faciliter un dialogue inclusif et transparent à la veille des élections.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a rappelé que les élections locales et présidentielle à venir ne devraient en rien retarder la mise en œuvre de l’Accord de paix, appelant toutes les parties signataires à y travailler. Elle a souligné l’importance de hâter la réintégration de nombreux ex-combattants, comme le prévoit l’Accord, sous peine d’alimenter la méfiance et les malentendus.

Si, dans les trois mois à venir, aucun progrès ne venait à être constaté dans l’amélioration des conditions de sécurité au Mali, il faudrait alors envisager de durcir le régime de sanctions applicables à ce pays, a préconisé la représentante. À cette fin, une solution durable doit être trouvée pour combler les lacunes opérationnelles de la MINUSMA, laquelle doit bénéficier des personnels en tenue et des équipements nécessaires pour s’acquitter pleinement de son mandat, et pouvoir garantir la sécurité des Casques bleus comme des civils. Mme Sison s’est enfin félicitée des efforts déployés par la Force conjointe du G5 Sahel au Mali.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a encouragé les parties à mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation dans le respect du calendrier arrêté. Nous sommes frustrés par l’absence de progrès significatifs dans ladite mise en œuvre, a-t-il poursuivi, avertissant que « la patience du peuple malien n’est pas infinie ». Le représentant a souligné la nécessité d’identifier les obstacles entravant la mise en œuvre de l’Accord et jugé crucial que les élections locales et présidentielle se tiennent en 2018. Il a indiqué que le Royaume-Uni allait déployer trois hélicoptères au Sahel et fournir 17 millions de dollars supplémentaires d’aide humanitaire.

M. Hickey a ensuite insisté sur l’importance du prochain examen stratégique de la Mission, avant de se féliciter du financement promis par la communauté internationale en faveur de la Force conjointe du G5 Sahel. Celle-ci n’est pas simplement une force militaire, a-t-il déclaré, avant de souhaiter, en conclusion, une bonne coopération entre cette Force et la MINUSMA dans le domaine humanitaire.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a pris note de la signature récente d’un mémorandum d’accord entre les Nations Unies et le Mali, qui prévoit un renforcement de la coopération militaire entre la MINUSMA et les forces de sécurité maliennes dans le centre du pays. Le représentant s’est ensuite dit préoccupé des « dérapages » connus par la mise en œuvre de l’Accord de paix et les opérations de cantonnement et de désarmement, démobilisation et réintégration. Malheureusement, a-t-il constaté, la situation sur le plan de la sécurité se dégrade en raison de la multiplication des activités d’organisations terroristes, qui ont étendu leur champ d’action.

M. Iliichev s’est dit d’accord avec le Secrétaire général adjoint sur le fait qu’il ne sera pas possible de stabiliser la situation au Mali sans la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix. Il a ensuite lancé un appel au Secrétariat pour qu’il prenne des mesures supplémentaires pour fournir aux Casques bleus de la MINUSMA les équipements nécessaires. En conclusion, le représentant a mis en garde contre les « dommages collatéraux » que peuvent entraîner un durcissement des sanctions au Mali et des risques que pose pour les parties concernées le fait d’« agiter ce bâton ».

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a plaidé pour la pleine mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et encouragé les parties à respecter le calendrier fixé. L’appui de la MINUSMA et de la communauté internationale est crucial pour garantir la tenue d’élections transparentes et pacifiques en 2018, a-t-il dit. Le représentant a salué les efforts de l’ONU pour lutter contre l’impunité, avec la mise en place d’une commission d’enquête internationale, avant de demander la pleine participation des femmes au processus de paix. Alarmé par la détérioration de la sécurité, M. Umarov a indiqué que l’examen stratégique de la MINUSMA devrait fournir l’occasion de renforcer les capacités de celle-ci et d’améliorer la sécurité dans le pays. Enfin, il a noté avec satisfaction la coopération renforcée entre la MINUSMA, l’Union africaine et l’Union européenne, avant de souligner l’importance de remédier aux causes profondes du conflit par des efforts de développement coordonnés.

M. TIÉMAN HUBERT COULIBALY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a pris acte du rapport du Secrétaire général faisant état de progrès indéniables accomplis aux plans politique et institutionnel ou encore en ce qui concerne les questions de défense et de sécurité, la justice et les mesures de développement économique ainsi que la fourniture de services sociaux de base. Ces progrès concourent à la restauration progressive de la paix et de la sécurité dans notre pays, a souligné le Ministre.

En ce qui concerne les perspectives en 2018, en lien avec la mise en œuvre de l’Accord, le Gouvernement poursuivra ses efforts pour maintenir le climat de confiance entre les parties signataires et initier un projet de loi pour l’entente nationale afin de prendre en charge les propositions de la Conférence d’entente nationale, a poursuivi M. Coulibaly. Soucieux de répondre aux aspirations profondes de notre peuple, le Chef de l’État a assigné à la nouvelle équipe gouvernementale quatre axes prioritaires, a-t-il ensuite détaillé: le parachèvement de la mise en œuvre de l’Accord de paix et la réconciliation issu du processus d’Alger; l’endiguement de l’insécurité grandissante dans le centre du pays; la satisfaction de la demande sociale par l’accélération de la mise en œuvre du programme présidentiel d’urgences sociales; et l’organisation d’élections transparentes, crédibles et apaisées.

Le Chef de l’État a également pris l’engagement solennel de lancer le processus d’adoption de la loi d’entente nationale, a encore affirmé le Ministre. Cette loi, a-t-il précisé, ambitionne de reconstruire le tissu social et l’unité nationale et de conforter la réconciliation entre les Maliens à travers notamment l’exonération de poursuites de tous ceux qui sont impliqués dans une rébellion armée mais qui n’ont pas de sang sur les mains; des mesures d’apaisement après l’accélération des poursuites en cours et les réparations accordées aux victimes reconnues; et un programme de réinsertion pour tous ceux qui déposent les armes et s’engageront publiquement à renoncer à la violence.

Parallèlement, le Gouvernement s’attèlera aussi à diligenter la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles, du processus de cantonnement et de DDR, de la réforme du secteur de la sécurité ainsi que du retour des réfugiés et des populations déplacées et de la fourniture des services sociaux de base aux populations affectées par la crise.

Afin d’assurer une plus grande efficacité au dialogue entre les parties signataires de l’Accord, les parties maliennes ont donné leur accord pour la participation, à l’avenir, de la MINUSMA et du chef de file de la médiation internationale -l’Algérie- aux réunions du mécanisme de discussion intermalien, en qualité d’observateurs, a rappelé M. Coulibaly.

En outre, la décision souveraine du Gouvernement de reporter les élections initialement prévues en décembre 2017 à avril 2018 relève du souci d’inclusivité et d’ouverture des plus hautes autorités maliennes dans l’optique de créer un environnement des plus favorables à la tenue de ces échéances électorales, a plaidé le Ministre. M. Coulibaly a réitéré l’engagement du Gouvernement à organiser des élections libres, crédibles et transparentes dans les délais constitutionnels impartis et sur toute l’étendue du territoire national en tenant compte de la loi sur le genre afin d’assurer la représentativité des femmes aux postes électifs.

Le Gouvernement ne ménage non plus aucun effort pour rendre effectif le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens combattants (DDR), a affirmé M. Coulibaly. Il a rappelé que, sur les 50 millions de dollars prévus pour la mise en œuvre de ce programme, le Gouvernement avait financé sur fonds propres 10 millions de dollars en plus des 15 millions de dollars mobilisés par la Banque mondiale.

Le Ministre a rappelé que le Conseil national de la réforme du secteur de la sécurité avait pour sa part élaboré une feuille de route pour la mise au point de la version définitive de la stratégie de réforme dudit secteur. Les parties signataires ont pris l’engagement de mettre au point avant le 2 février les critères et quotas consensuels d’intégration des ex-combattants au sein de l’Armée nationale.

En plus de l’amélioration des conditions de sécurité dans les régions du nord du pays, le Gouvernement accorde une attention toute particulière à la situation dans les régions du centre du Mali, notamment les régions de Mopti et de Ségou, a affirmé le Ministre, qui a annoncé l’organisation « sans délai » d’un dialogue politique inclusif sur la sécurité dans le centre du pays.

S’agissant des droits de l’homme, le Ministre a rappelé la création d’un ministère qui leur est entièrement dédié. En outre, le Ministre de la justice a déjà donné des instructions aux autorités judiciaires d’ouvrir des informations et enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’homme contenues dans le rapport du Secrétaire général, notamment les cas de disparitions forcées, arrestations et détentions arbitraires.

Abordant enfin la situation humanitaire, le Ministre a affirmé l’engagement résolu du Gouvernement à relever les défis liés au retour des populations déplacées et réfugiées dans des conditions optimales et à l’accès des populations affectées par la crise aux services sociaux de base.

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